Mireille Deyglun : actrice, animatrice, femme de causes

Par Claude Gervais, journaliste

Nous sommes le 11 février. J’ai rendez-vous avec elle au studio de photographie de Monic Richard.

Pas encore complètement maquillée, elle est ravissante dans sa longue robe noire. L’horaire prévu a pris un peu de retard, mais l’atmosphère est conviviale.De grandes fenêtres jettent dans l’immense pièce un soleil éblouissant qui fait rayonner Mireille. Elle en a bien besoin de cette lumière, après avoir vécu deux semaines de moments inquiétants.

Une crainte bien réelle
Son mari, le reporter-animateur Jean-François Lépine, est au Caire pour couvrir l’insurrection populaire égyptienne. Quelques jours auparavant, son équipe a été prise à partie par une foule menaçante. « C’est la première fois en vingt-quatre ans. J’ai trouvé ça très difficile de le voir à l’écran atteint émotivement. C’était dur à gérer. J’ai senti au téléphone que tout pouvait arriver. C’était pas quelque chose de normal ».

Un soupir de soulagement
Pendant qu’on s’affaire autour d’elle, son portable sonne. C’est sa fille Sophie qui lui apprend la nouvelle. Elle répète à voix haute : « Moubarak est parti. Il est parti ». Un doute s’installe « Tu es sûre? » Enfin! Son globe-trotter de mari va pouvoir rentrer bientôt. Puis, elle me raconte cette anecdote qui en dit long sur les liens qui unissent la famille. « Hier, ma fille Sophie a « texté » son père pendant un cours de Sciences Po. Le prof s’en est aperçu et il lui a confisqué son cellulaire. Elle lui a dit : si vous le confisquez, je n’ai plus de lien avec mon père…Ça m’a fait de la peine pour elle… Le prof a été assez intelligent et le lui a remis illico ».

Un leitmotiv : l’équipe
Ses enfants ont dix-sept et vingt ans. Son rôle, dit-elle, est d’être un parent qui soutient ses enfants, de ne pas s’effondrer et de leur dire que ça va aller bien, même si ce n’est pas sûr que ça va toujours bien se dérouler. Elle se voit comme une bonne équipière qui reste maintenant en retrait, même si ça n’a pas toujours été le cas. C’est à Paris qu’elle a connu Jean-François. Elle l’a suivi à Jérusalem où elle l’a accompagné dans bien des aventures. Elle est allée en territoire occupé, elle a vu la misère au Caire, suivi les congrès de l’OLP jusqu’en
Algérie et était présente en Afrique du Sud quand Mandela a été libéré et que le régime de l’apartheid s’est écroulé.

Apprendre toujours apprendre
Aujourd’hui, son métier est composé d’une foule de choses. Elle passe d’une équipe à l’autre. Elle est fière d’être associée à l’émission 109 sur les ondes de RDI. « J’adore ça, j’y apprends quelque chose tous les jours » dit-elle en me parlant avec enthousiasme du groupe qui se penche sur toutes sortes de tendances actuelles. Elle qui faisait beaucoup de cinéma en début de carrière, qui joue au théâtre, dans des téléséries et des web-épisodes, elle s’est mise à animer des événements et à épouser des causes. « Le côté social m’intéresse beaucoup, m’occuper de causes qui me tiennent particulièrement à coeur, m’impliquer. Je suis avec le Conseil québécois sur le tabac et la santé depuis 11 ans. Je le fais parallèlement avec mon métier et j’y crois ». Venir en aide aux déficients intellectuels, lutter contre l’homophobie dans les écoles, promouvoir la lecture, voilà d’autres causes dans lesquelles elle s’est investie ces dernières années.

L’âge n’est pas un frein
Poser pour la photographe est comme une seconde nature. Elle avoue être très flattée et pense que les femmes de 50 ans d’aujourd’hui, ce sont les femmes de 40 ans d’hier. Elles sont beaucoup mieux, prennent beaucoup plus soin d’elles. « Je trouve ça important qu’on les représente aussi », dit-elle en souriant. « Parce qu’on fait un métier qu’on aime, les gens pensent qu’on est dans le jeunisme. J’ai vu ma mère très active. Pour moi l’âge n’a jamais été un frein à quoi que ce soit, l’âge n’a pas d’importance. Je n’ai pas encore eu de choc. Peut être que ça viendra, mais, en attendant, ça me fait plaisir de démystifier ça ».

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